Mourir autrement

Mourir autrement que quoi… que qui?

Autrement que dans le désespoir de quitter ce que l’on a été avec la peine de laisser ceux qu’on aime? Autrement qu’emporté par le flot de la souffrance et de l’engourdissement de la morphine qui endort jusqu’à la conscience? Autrement que toutes ces morts difficiles qui peignent les visages d’horreur et de désespoir?

Oui, je crois qu’on peut mourir autrement. On peut mourir préparé.

Que même dans la maladie, on peut mourir guéri. Ce n’est pas de la guérison physique dont je parlais, mais bien de la guérison intérieure. Celle où on a passé sa vie dans un sas pour y puiser l’essentiel – l’Essence-Ciel.

Quand un mourant a la chance et le privilège d’être bien accompagné, cela lui permet d’abord de se dire, se déposer dans l’autre et avoir quelqu’un qui le reçoit dans tous ses états – découragement, refus, dépression, démission, colère, peine -pour que viennent doucement l’acceptation et l’apaisement.

En ouvrant son cœur comme un grand livre sacré contenant toute sa vie, avec ses blessures et ses déceptions, la personne en fin de vie se permet d’avancer doucement vers le pardon pour se réconcilier avec elle-même et avec les autres. Dans ce livre, elle retrouve souvent de belles pages qu’elle avait oubliées et des rêves qu’elle peut encore réaliser.

Et voilà que tombe le voile de la censure. Les mots pour dire ce qui ne se dit pas s’expriment. Une main se pose. Un regard profond touche l’âme. Une parole résonne puis une larme glisse au coin des yeux comme une perle de vérité.

Saisir l’instant qu’il lui reste et oser dire je t’aime à un être cher fait vibrer son Être et lui rappelle qu’il est encore vivant. Que la vie lui appartient jusqu’au bout. Qu’il peut éclairer et semer encore jusqu’au dernier moment, avant de s’en aller.

Se peut-il, comme je l’ai souvent vu, que se pointe une lumière, ce Dieu, cette Source oubliée? Elle devient alors primordiale puisque c’est Elle que le mourant s’en va retrouve. Alors la spiritualité de la personne, peu importe laquelle, éclaire la mort d’un tout nouveau regard. Souvent les yeux s’ouvrent vraiment quand on est près de mourir : c’est une grâce offerte, un  cadeau au moment de quitter. Encore faut-il être là, ne pas avoir peur, avoir le cœur ouvert pour recevoir.

Oui, on peut mourir autrement… On peut mourir,  préparé!  Et la conscience éclaire le chemin du retour. La mort devient purificatrice, transformatrice pour le mourant, pour la famille et les proches. On ressent parfois lors de la mort, la grâce qui flotte comme un ruban de paix, déposée par le mourant lui-même comme une dernière étreinte, comme un dernier baiser.

Peut-on mourir dans la paix? Bien sûr que oui! Quand on peut se déposer dans le temps qu’il nous reste et saisir l’instant. Quand on ne résiste plus. Quand on a dit, qu’on a pleuré… qu’on a osé aimer.

On peut lâcher la vie dans un grand expir et la retenir encore un peu… et puis partir guéri dans un dernier souffle, porté par ce grand mystère qu’est la vie.

Marie Soleil Plante

Formatrice Accompagnement Fin de Vie

3 réflexions sur “Mourir autrement

  1. Comme c’ est beau et si vrai…J’ ai un ami qui le vit exactement comme ça.Il est vraiment prêt et a préparé sa famille et ses amis .Merci Marie-Soleil

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  2. Bonjour, j’avais tendance à dire et à entendre dire autour de moi: qu’on n’est jamais prêts pour la mort d’un être cher!….Mais aujourd’hui, en te lisant Marie- Soleil:mon ❤ a :-)et s est nourrie tellement, tellement par ce partage "réflexion de mourir autrement"….Car on ne sait jamais quand, comment et où! Mais il est certain que nous pouvons agrandir +++; cette reflexion: en se préparent, en en parlent : eh cheminer dès maintenant… pour l'aider à sortir de cette terrible, impossible voie tabou où très souvent se trouve enfermée injustement!…..:-( . Avec une infinie tendresse et doux :-***** LIA

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